carine
Adaptations comportementales

A l’aube de l’année 2020 je me disais que cette année allait être une belle année. Je ne m'attendais pas à ce que le monde soit complètement bouleversé. Tout a changé.

J'ai réalisé très tôt que l'apparition du virus à Wuhan était une situation grave. Pendant les premiers mois de la pandémie et lors du premier confinement en mars, j'ai fait en sorte que ma maman puisse loger chez moi et je nous ai soigneusement protégé, de tout danger éventuel. J'ai réalisé que nous faisions toutes deux partie du groupe à haut risque. Elle avec ses 85 ans, et moi avec mon trio de maladies chroniques dont la sclérose en plaques qui était mon plus grand facteur de risque. Mon système immunitaire agit souvent comme un flipper frénétique, alors je me tiens le plus possible à distance de ce virus. Maman est restée chez moi jusqu'en mai, puis j'ai dû la laisser partir. Elle avait le droit de vivre sa propre vie et d’accomplir ses projets. J'avais très peur de me retrouver totalement seule et bien que l'été ait apporté un peu de détente, je me suis imposé un protocole de vie très stricte, que j’ai respecté.

 Mes contacts sociaux sont essentiellement virtuels et le téléphone est devenu ma bouée de sauvetage. Je passe de conversation en conversation. J'ai aussi la chance d'avoir un espace vert autour de moi, je pense que cette année, tout le monde aura découvert à quel point la nature peut être bénéfique. Il y a eu beaucoup de promenade en 2020 ! Malheureusement, cela m'a aussi beaucoup affecté. Cette année, la marche est devenue une chose du passé et il n'est pas facile de l'accepter. J’ai bataillé avec cette idée durant des mois. Amère et avec regret, je lisais les nombreux messages sur Facebook et regardait les photos de gens qui avaient dévoré des kilomètres dans de jolis paysages pas loin de chez moi. Moi, je me promenais dans le bois derrière chez moi et essayais de me contenter de mon petit paradis.

Et puis, cette petite fenêtre magique, qui est toujours là en cas de besoins, à fini par s’ouvrir.

Le tricycle électrique qui m’a été livré au printemps m'est de plus en plus familier. Mon chien Oliver adore monter dessus. Dans son panier, la crinière au vent, il profite de nos sorties. J'ai découvert que je peux aussi "marcher" avec le vélo, à côté des piétons, à un rythme lent et à une distance sûre. Oliver a également appris à marcher à côté du tricycle, ce qui lui permet d'alterner entre le vélo et le reniflement à côté de moi. Le tricycle m’ouvre de nombreuses portes et me donne la sensation de pouvoir redécouvrir ce monde magnifique en dehors de mon propre environnement.

Le vélo permet également d'assurer la distance physique nécessaire entre moi et les autres personnes. En fait, je me déplace facilement malgré les restrictions. J'ai compris dès le début de cette pandémie que cela nécessiterait une certaine discipline, mais qu'à un moment donné, nous serions libérés de toutes les mesures. Ce n'est qu'une question de temps. Le fait que tant de gens en fassent tout un plat me surprend et me rend beaucoup plus consciente de ma propre flexibilité. Depuis trente ans maintenant, je vis au jour le jour avec certaines limites et j'essaie chaque jour de m'adapter et de profiter de ce que je peux faire. Cela m'a modelé, cela m'a marqué, et aujourd’hui la réaction de certaines personnes qui vivent dans un cocon me surprend. Les limites d'aujourd'hui ne sont pas éternelles. La fin est en vue, les vaccins sont en plein développement, et peut-être pouvons-nous commencer le compte à rebours vers des temps plus libres et plus agréables. Les prochains mois seront cruciaux à cet égard.

Le comportement humain est dominant dans notre vie, nous exigeons beaucoup de la nature et pensons qu’il est normal que ce soit elle qui s’adapte à nous. Mais cette fois, c’est nous qui allons devoir nous adapter. Il s'agit de changer notre comportement social pour survivre et pour protéger les plus faibles d'entre nous. Ce tournant dans nos vies nous fera, espérons-le, réaliser à quel point nous sommes vulnérables dans un contexte plus large et à quel point nous pouvons faire preuve d’ingéniosité pour faire face de manière créative à nos limites.

Tenez bon, tout finira par s'arranger.

Carine

Sanofi Belgium, MAT-BEMAT-BE-2100155, v1, 02/2021